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Ethnocritiques zoliennes (Cahiers naturalistes)

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Ethnocritiques zoliennes (Cahiers naturalistes)

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Numéro des Cahiers naturalistes consacré aux "ethnocritiques zoliennes", dirigé par Véronique Cnockaert, Sophie Ménard et Marie Scarpa (no 92, 2018).

 

Résumés des articles

Marie Scarpa

Présentation

Présentation des grands enjeux de l'ethnocritique zolienne et retours sur l'anthropologie littéraire.

Marie-Christine Vinson

Coqueville/Cocagne

La lecture proposée de la nouvelle parue en 1879, La Fête à Coqueville, cherche à cerner les imaginaires culturels qui travaillent ce récit qualifié généralement de farcesque. L’analyse montre que l’utopie du pays de Cocagne ou plus précisément certains motifs cocagniens sous-tendent la narration et constituent l’intertexte principal de la nouvelle. In fine la folklorisation du monde de la Cocagne que les dernières lignes orchestrent, ramène Coqueville à un petit coin de la basse Normandie.

Jean-Marie Privat

La Fortune des Chats

L’intertexte des contes (Perrault) qui trame La Fortune des Rougon (1871), loin de contrevenir au cahier des charges réaliste-naturaliste, y souscrit, en plusieurs façons. Le conte ‘traditionnel’ fournit au roman une réserve d’altérité symbolique ainsi qu’une forme de plus-value à l’imaginaire du récit. Cette hybridation générique latérale et ce mode d’hétérophonie culturelle jouent un rôle sémantique plus puissant encore quand il s’agit de se réapproprier l’univers axiologique et praxique du Chat botté pour donner à comprendre les dispositifs d’intelligence rusée (M. Detienne et J. Vernant, 1974) qui orientent les manœuvres des Rougon en quête farouche de pouvoir(s). C’est cette métis à l’œuvre que l’article explore à la fois dans l’écriture et la lecture du récit de Zola.  

Sophie Pelletier

« Nous n’irons plus au bois » : jeux d’enfants et destin de myope dans La Curée

Si les souvenirs de l’enfance et la visite des lieux où elle s’est déroulée n’apportent pas de réconfort à Renée Saccard, c’est que sa jeunesse a en fait préparé, voire favorisé, le destin conjugal et mondain de l’héroïne de La Curée. L’analyse des pratiques et signes culturels à l’œuvre dans les descriptions de la chambre des enfants de l’hôtel Béraud et dans l’évocation de l’éducation reçue en pension chez les dames de la Visitation révèle que les décors, jouets, parures, amitiés et rondes des fillettes initient au monde du Second Empire et au sort qu’y connaîtra Renée. Celui-ci est placé sous l’égide d’un « mauvais œil » contre lequel l’héroïne, myope, ne peut se prémunir.

Véronique Cnockaert

Le corps instruit. La Faute de l’abbé Mouret 

Cet article saisit l’évolution de Serge Mouret, le jeune prêtre du roman La Faute de l’abbé Mouret, en termes de passage et plus spécifiquement de rite de passage tel que formalisé en trois temps par Van Gennep (séparation, liminarité, agrégation). Cette lecture ethnocritique offre les moyens d’éclairer l’identité paradoxale du prêtre, tout en oppositions et changements, comme l’a si souvent remarqué la critique spécialisée. La question de l’éducation du jeune séminariste impose un détour par les livres certes, mais aussi par le sauvage, sauvagerie qui imprime sa marque à divers niveaux (personnages et espaces notamment) dans le roman. Mais surtout, ce que cet article veut mettre en lumière, c’est la manière dont l’esprit et la chair, la lettre et la voix, la culture et la nature, ne cessent dans l’univers zolien, d’échanger leurs marques au point que les distinctions s’effacent, comme au sein de ce personnage, l’abbé, qui joue avec les limites et se joue d’elles. 

Sophie Ménard

Germinal ou les révolutions culturelles du temps

Cet article étudie la poétique culturelle des temporalités hétérogènes à l’œuvre dans Germinal d’Émile Zola. Objets de mesure du temps, perceptions temporelles, procédés textuels de datation (horaire, variations saisonnières) et conduites d’anticipation (projet, provision, utopie) sont analysés afin de saisir de quelles manières la dynamique narrative synchronise de multiples consciences, contraintes et calculs des temps. Nous faisons l’hypothèse que ce roman est un carrefour de plusieurs cosmologies temporelles, car il fait sa niche d’une reconfiguration anthropologique majeure qui a lieu durant le siècle et qui voit la diffusion massive d’un nouveau rapport économique et productif à l’horaire. 

Henri Mitterand

Entretien 

Le dossier « Ethnocritiques zoliennes » se ferme sur un entretien en deux parties avec Henri Mitterand. Dans la première, c’est « la pensée ethnologique de l’œuvre zolienne » qu’il interroge en revenant sur la publication des Carnets d’enquêtes, la proposition qui est la sienne dans un article principiel de 1980 de considérer le roman zolien comme inaugurant « un modèle ethnologique et non pas économiste » du récit « réaliste » moderne, le rapport de l’écrivain à la culture occitane. Dans un second temps, c’est « la part du mythe » ou plus exactement la part de l’anthropologie littéraire dans la bibliographie critique zolienne qui est l’objet du dialogue avec les coordinatrices du dossier, de la mythocritique ou d’une « anthropomythique » à l’ethnocritique.