Grandville, "Charivari qui pend à l'oreille de MM. Guizot, Dupin, Thiers et tutti quanti…", La Caricature, 1er septembre 1831
« La Noce de campagne pour faire suite à La Mare au Diable. » Telles sont les indications que George Sand porte sur le manuscrit qu’elle adresse au rédacteur du Courrier français, et qu’elle accompagne d’une lettre :
« La Mare au Diable vous a été entièrement racontée, un si mince sujet ne demandait pas de plus amples développements. Mais, ainsi que je vous l’avais annoncé, j’ai cédé à la fantaisie de décrire les bizarres cérémonies du mariage chez les paysans de mon endroit ; et puisque vous avez eu la bonté de désirer les connaître, je vous envoye cet exposé fidèle d’une notable partie de nos anciennes coutumes rustiques, d’origine gauloise. L’intérêt qui peut ressortir de ces curieuses coutumes fait le seul mérite du petit travail que j’ai l’honneur de vous communiquer. » (Sand, 1962 : 427)
Les rapports complexes sinon conflictuels de Sand à son objet d’écriture sont présents dès ce court métatexte auctorial qui annonce un appendice au roman proprement dit. En effet, les « bizarres cérémonies du mariage chez les paysans » et les « curieuses coutumes » semblent ne pas désigner les mêmes réalités culturelles que cet « exposé fidèle d’une notable partie de nos anciennes coutumes rustiques » ; et « l’intérêt » éventuel de ce « petit travail » paraît une reformulation bien approximative de cette « fantaisie de décrire » que l’auteur formulait en premier lieu.
Certes, on peut admettre que G. Sand a bien connu « la vie rustique en général » et que « les souvenirs de la vie campagnarde, commentés avec ferveur, abondent dans son œuvre » (Bénichou, 1970 : 152-160). Elle multipliera, on le sait, les témoignages sur cette campagne qu’elle « aime tant », sur son aspiration à s’enfermer dans un « horizon de choux et de pommes de terre ». On peut accorder aussi volontiers que Les Noces de campagne publiées en appendice de La Mare au Diable « sont une observation fidèle des coutumes populaires du mariage berrichon ». Sainte-Beuve admire lui aussi ce peintre qui sait « le vol des grues dans le nuage, le babil de la grive sur le buisson et l’attitude de la jument au bord de la haie », quoiqu’il trouve l’ultime développement « un peu long »…
Notre lecture sera toutefois moins générale dans son champ d’application et moins généreuse dans son registre d’évaluation. L’hypothèse est en effet qu’une polyphonie culturelle assez inattendue est au cœur de ce récit.
Lire la suite ici.
Grandville, "Charivari qui pend à l'oreille de MM. Guizot, Dupin, Thiers et tutti quanti…", La Caricature, 1er septembre 1831
« La Noce de campagne pour faire suite à La Mare au Diable. » Telles sont les indications que George Sand porte sur le manuscrit qu’elle adresse au rédacteur du Courrier français, et qu’elle accompagne d’une lettre :
« La Mare au Diable vous a été entièrement racontée, un si mince sujet ne demandait pas de plus amples développements. Mais, ainsi que je vous l’avais annoncé, j’ai cédé à la fantaisie de décrire les bizarres cérémonies du mariage chez les paysans de mon endroit ; et puisque vous avez eu la bonté de désirer les connaître, je vous envoye cet exposé fidèle d’une notable partie de nos anciennes coutumes rustiques, d’origine gauloise. L’intérêt qui peut ressortir de ces curieuses coutumes fait le seul mérite du petit travail que j’ai l’honneur de vous communiquer. » (Sand, 1962 : 427)
Les rapports complexes sinon conflictuels de Sand à son objet d’écriture sont présents dès ce court métatexte auctorial qui annonce un appendice au roman proprement dit. En effet, les « bizarres cérémonies du mariage chez les paysans » et les « curieuses coutumes » semblent ne pas désigner les mêmes réalités culturelles que cet « exposé fidèle d’une notable partie de nos anciennes coutumes rustiques » ; et « l’intérêt » éventuel de ce « petit travail » paraît une reformulation bien approximative de cette « fantaisie de décrire » que l’auteur formulait en premier lieu.
Certes, on peut admettre que G. Sand a bien connu « la vie rustique en général » et que « les souvenirs de la vie campagnarde, commentés avec ferveur, abondent dans son œuvre » (Bénichou, 1970 : 152-160). Elle multipliera, on le sait, les témoignages sur cette campagne qu’elle « aime tant », sur son aspiration à s’enfermer dans un « horizon de choux et de pommes de terre ». On peut accorder aussi volontiers que Les Noces de campagne publiées en appendice de La Mare au Diable « sont une observation fidèle des coutumes populaires du mariage berrichon ». Sainte-Beuve admire lui aussi ce peintre qui sait « le vol des grues dans le nuage, le babil de la grive sur le buisson et l’attitude de la jument au bord de la haie », quoiqu’il trouve l’ultime développement « un peu long »…
Notre lecture sera toutefois moins générale dans son champ d’application et moins généreuse dans son registre d’évaluation. L’hypothèse est en effet qu’une polyphonie culturelle assez inattendue est au cœur de ce récit.
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Grandville, "Charivari qui pend à l'oreille de MM. Guizot, Dupin, Thiers et tutti quanti…", La Caricature, 1er septembre 1831