Catherine, à quelques pas, regardait, écoutait, l’air hébété par ces nouvelles violences, au milieu desquelles le mauvais sort la faisait tomber. Est-ce qu’elle ne souffrait pas trop déjà ? quelle faute avait-elle donc commise, pour que le malheur ne lui laissât pas de repos 1 ? (Zola, 1978 [1885] : 576).
Les interrogations hébétées de Catherine, seconde enfant de la famille Maheu dans Germinal d’Émile Zola, montrent son incompréhension face au malheur qui s’abat sur elle, désormais rejetée de toute part, tant par sa famille que par son galant, le mineur Chaval. Après avoir tenté de répondre aux impératifs de chacun, Catherine se retrouve en marge de deux groupes antagonistes, celui des grévistes et de ses parents d’une part ; celui des traîtres à la grève et de son amant d’autre part. Située par la force des choses dans un entre-deux politique et familial, Catherine est également coincée dans un entre-deux biologique, âgée de quinze ans au début du récit, mais paraissant en avoir douze, qualifiée de « fille tardive, [dont] les formes de la puberté hésitaient encore » (G, 436). En retard sur sa puberté, elle devance néanmoins la coutume en quittant le foyer de ses parents pour aller, d’après les mots de sa mère, « porter avant l’âge l’argent de [ses] journées à un homme qui n’en avait pas besoin » (G, 295). Alors que de nombreuses études ont été consacrées au personnage d’Étienne Lantier comme « premier héros de Germinal » (Mitterand, 1980 : 78), comme bouc-émissaire (Schor, 1978 : 35‑80) ou encore, comme figure christique (Aubéry, 1979), peu d’entre elles se sont penchées sur l’itinéraire singulier de Catherine Maheu au sein de Germinal 2. C’est cette trajectoire, véritablement décalée par rapport aux normes familiales et sexuelles des mineurs de Montsou, qu’il incombe d’analyser ici. Le passage à l’état de femme se retrouve donc retardé, tant dans l’ambiguïté physique initiale de Catherine, dans son initiation prématurée et ratée avec Chaval, que dans son retour à l’ordre biologique, qui signe la fin de sa situation liminaire.
Entre Montsou et Marchiennes se déploie ainsi l’univers réglé au quart de tour des mineurs de Germinal 3; univers réglé, et pourtant, à peine structuré par les rites traditionnels. Il suffit de penser au mariage entre Zacharie et Philomène, qui, d’un sujet de désaccord fréquent entre la Maheude et la Levaque, devient un état de fait – le nom de Zacharie est accolé à l’épithète « marié » (G, 254) – sans qu’aucune cérémonie ne soit montrée. Les naissances et les enfants abondent, mais nul baptême ni première communion ne sont narrés. Les décès, quant à eux, sont légion, mais ne sont l’occasion d’aucuns enterrements. Les seuls rites funéraires se résument à un accompagnement des corps : ainsi, la Maheude, la mère de Catherine, « accompagn[e] son homme au cimetière » (G, 594) et « accompagn[e] son fils » (G, 651) calciné, Zacharie, jusqu’au coron. Malgré l’absence de cérémonies, le milieu de vie des mineurs ne répond pas moins à un ordre coutumier, implicite aux habitants du coron des Deux-Cent-Quarante. Ces règles s’articulent autour d’un sens du devoir et de l’honneur, qui permet, notamment, les nombreux amants de la Mouquette tant qu’ils sont charbonniers (« elle se couperait un bras, si quelqu’un pouvait se flatter de l’avoir vue avec un autre qu’un charbonnier » [G, 89]) ; qui retarde le mariage de Zacharie et de Philomène malgré leurs deux enfants ; et qui institue des figures légendaires comme « l’Homme noir », « vieux mineur trépassé qui [revient] dans la fosse tordre le cou aux vilaines filles » (G, 682). De ces interdits et impératifs, nombreux sont ceux qui viennent régenter le corps des jeunes filles, particulièrement des herscheuses, ces ouvrières qui poussent les wagonnets de charbon le long des voies souterraines. Le contrôle de leur corps et de leur sexualité s’articule autour de la mine, notamment par l’entremise du mythe de l’Homme noir et de la légende du Tartaret, racontée par les mineurs depuis leur enfance4. Ces manières de vivre la sexualité sont intimement soutenues par des représentations mentales, qui dépassent les simples règles – faciles à transgresser – pour s’ériger en croyances, difficiles à écarter dès lors qu’elles sont inculquées en bas âge. Le Tartaret, ancienne mine de houille, est dépeint par les bourgeois comme une terre brûlée et volcanique en surface, incendiée dans son sous-sol par « le feu du ciel tombant sur cette Sodome des entrailles de la terre, où les herscheuses se souillaient d’abominations ; si bien qu’elles n’avaient pas même eu le temps de remonter, et qu’aujourd’hui encore, elles flambaient au fond de cet enfer » (G, 428). Aux yeux des bourgeois de Montsou, la légende du Tartaret s’assimile au récit biblique de la destruction de Sodome et de Gomorrhe. Ces derniers y superposent leurs valeurs chrétiennes alors que chez les mineurs, il est question de « punition de choses qu’on n’osait pas répéter » (G, 431) certes, mais il n’est nulle mention d’une foudre divine. Comme l’énonce Philippe Lejeune, si la légende est « populaire », elle « couvr[e] en fait l’idéologie bourgeoise » (Lejeune, 1979 : 478), car elle est narrée du point de vue des bourgeois Deneulin, Lucie et Jeanne, qui enrichissent leur excursion touristique d’un peu de folklore local, à l’abri dans leur calèche. Ce que se racontent véritablement les mineurs à propos du Tartaret s’entraperçoit par bribes dans les songes de Catherine, dont la morale relève sans doute moins des valeurs chrétiennes que d’une peur, bien réelle, des coups de grisou et ensevelissements vivants.
Par son travail, Catherine appartient au groupe des herscheuses, mais n’a encore commis aucun des comportements répréhensibles évoqués plus tôt. Non seulement elle paraît plus jeune que son âge, mais elle passe pour un garçon aux yeux d’Étienne Lantier, nouvel arrivant à la mine dont les observations guident les premières impressions de lecture. La confusion sur son genre tient autant à ses vêtements, dans lesquels « elle avait l’air d’un petit homme, rien ne lui restait de son sexe, que le dandinement léger des hanches » (G, 75), qu’à sa taille, qualifiée de « fluette » (G, 73 ; 91) et de « frêle » (G, 105). Catherine reconnaît d’elle-même que « [les] filles, chez [elle], ne poussent guère vite » (G, 112) – lenteur qu’Étienne attribue au « milieu de mauvais air et de fatigue où elle vivait » (G, 112). L’androgynie de Catherine n’est pourtant pas la règle, puisqu’une autre herscheuse âgée de dix-huit ans, la Mouquette, semble avoir été en avance sur sa puberté, car, « [dès] dix ans, [elle] avait fait la culbute dans tous les coins des décombres, […] en fille déjà grasse, bonne pour des garçons barbus » (G, 208). Que le corps soit gras ou maigre, la norme chez les herscheuses du Voreux est aux expériences sexuelles précoces. C’est tout l’environnement physique des mineurs, à commencer par les corons où ils habitent, qui précipite l’acte sexuel :
C’était la commune histoire des promiscuités du coron, les garçons et les filles pourrissant ensemble, se jetant à cul, comme ils disaient, sur la toiture basse et en pente du carin, dès la nuit tombée. Toutes les herscheuses faisaient là leur premier enfant, quand elles ne prenaient pas la peine d’aller le faire à Réquillart ou dans les blés. (G, 179)
L’universalité de telles pratiques chez les herscheuses est également soulignée dans la description de l’ancienne fosse de Réquillart, où, dans une description comme dans l’autre, l’universalité est renforcée par l’adjectif « commun/commune » et le déterminant indéfini « toutes » :
[Autour] de la vieille fosse en ruine, toutes les filles de Montsou rôdaient avec leurs amoureux. C’était le rendez-vous commun, le coin écarté et désert, où les herscheuses venaient faire leur premier enfant, quand elles n’osaient se risquer sur le carin. […] Aussi chaque fille s’y trouvait-elle chez elle, il y avait des trous perdus pour toutes, les galants les culbutaient sur les poutres, derrière les bois, dans les berlines. […] Et il semblait que ce fût, autour de la machine éteinte, près de ce puits las de dégorger de la houille, une revanche de la création, le libre amour qui, sous le coup de fouet de l’instinct, plantait des enfants dans les ventres de ces filles, à peine femmes. (G, 207. Nous soulignons)
Par la symétrie des expressions « les herscheuses faisaient là leur premier enfant, quand elles ne prenaient pas la peine d’aller le faire à Réquillart » (G, 179) et « les herscheuses venaient faire leur premier enfant, quand elles n’osaient se risquer sur le carin » (G, 207), les deux citations juxtaposées montrent le peu d’alternatives qui s’offre aux jeunes filles. Qu’elles aillent sur le carin ou à Réquillart, elles finissent toutes avec un premier enfant dans le ventre. Le comportement est normalisé, sans être tout à fait autorisé, puisque les rendez-vous ont lieu à l’extérieur du foyer familial, là où, en définitive, chaque fille se trouve chez elle. Le nid d’amour provisoire qu’offre Réquillart n’est pas sans signification dans le contexte de la mine : l’ancienne fosse, devenue stérile du point de vue de la production, se recycle en lieu de reproduction biologique. Le temps de ces rencontres fugitives, l’ancien campus se fait domus5. Symétriquement, le corps des herscheuses, voué dès leur jeune âge à la production minière, a pour finalité la mise au monde d’enfants. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme et la stérilité productive se change en fertilité reproductive. Devenues mères et épouses, les femmes, telles la Levaque et Philomène, cessent leur travail à la mine pour « fabriquer des petits » (G, 210), et n’y reviennent qu’une fois devenues veuves, comme la Maheude et la Brûlée, pour n’accomplir qu’un travail dérisoire et sous-payé.
Que la sexualité chez les jeunes filles soit justifiée par la promiscuité, l’instinct ou encore « une revanche de la création » (G, 207), elle appartient à un ordre naturel – qualifié par le vieux Mouque de « choses de la nature » (G, 208) – qui devient culturel, car vécu comme un passage obligé. Catherine affirme ainsi que « cela arriverait forcément un jour » (G, 112), tandis que la Levaque rappelle à la Maheude que sa fille « y passera comme les autres » (G, 183) et qu’enfin, la Maheude elle-même concède que « toutes passent par là » (G, 295). Les premières relations sexuelles constituent un rite de passage, puisque l’acte de procréation marque le moment où les herscheuses cessent d’être des « filles de » pour devenir de potentielles « mères de ». La défloration incarne elle-même un passage physique, car l’hymen pose une barrière, qui ne fait obstacle que chez les filles encore vierges. Une herscheuse se fait de ces parois que l’on perce et de ces voies qu’on traverse : celles de la mine, celle de la défloration. Voie culturelle vers l’âge adulte, la défloration n’est pas moins connotée négativement par l’expression « y passer », qui signifie « subir nécessairement » (Le Robert, 2014 : 1822), nécessité renforcée par l’adverbe « forcément » de Catherine. Même si le texte considère les herscheuses comme « à peine femmes », elles sont tout de même « déjà femmes » ; elles ont franchi l’étape de la perte de virginité et peuvent enfanter à leur tour – sauf Catherine. À propos de la défloration au XIXe siècle, Pauline Mortas relève que la perte de la virginité, davantage que la puberté, marque la transformation sociale, physique et morale de la fille en femme : « Bien loin de désigner des âges différents, ces deux termes [de fille et de femme] scindent la vie féminine en deux : l’avant et l’après de la défloration. Le terme de femme désigne ainsi la femme déflorée, tandis que celui de fille désigne la vierge » (Mortas, 2017 : 143). Ce que la femme perd en pureté virginale, elle le gagne en possibilité d’enfantement (Mortas, 2017 : 136-138).
Chez Catherine, c’est le passage de cette étape qui pose un problème. D’un point de vue médical au XIXe siècle, la fin de la virginité survient lors du premier coït :
Le discours médical a une approche paradoxale de la virginité : alors même qu’il tend à en faire une caractéristique physique, symbolisée par l’hymen, il ne qualifie de défloration que le premier coït, et non pas la rupture de l’hymen elle-même (Mortas, 2017 : 147).
La relation a lieu ou n’a pas lieu, elle est un « échec » ou une « réussite », un « pass or fail », sans entre-deux. S’il s’agit bien d’une « première fois », le XIXe siècle n’emploie pourtant pas cette expression et lui préfère celles de « défloration » et de « dépucelage » pour nommer, avec le préfixe « dé- », la fin d’un état plutôt que le commencement de la vie sexuelle (Mortas, 2017 : 18). Le roman Germinal ne se réfère à aucun de ces termes et parle plutôt de « faire le saut », avec les mots d’Étienne qui assiste, en témoin auditif, à la scène entre Chaval et Catherine : « Étienne, cependant, avait écouté, sans bouger. Encore une qui faisait le saut ! » (G, 214) Cette expression, davantage que les précédentes, marque le franchissement d’un seuil qui permet de traverser d’un bond l’espace liminaire entre l’état de fille et celui de femme. Or l’élan de Catherine est freiné par un interdit et par un refus. Au début du roman, la jeune fille affirme ne pas avoir d’amoureux, car « elle ne [voudrait] pas contrarier sa mère » (G, 112). Cette contrariété pressentie se transforme en menace dans la bouche de la Maheude : « Parole d’honneur, tiens ! j’étranglerais Catherine, si j’apprenais qu’elle ait fait la bêtise » (G, 183), jure-t-elle à sa voisine la Levaque. Si la Maheude ne passe pas de la parole au geste, elle ne professe pas moins un intersigne du malheur à venir, car Catherine, ignorant l’interdit maternel, se rend à Réquillart comme les autres filles et connaît leur destin à toutes.
Le soir de sa première fois, Catherine ne se rend toutefois pas à Réquillart pour trouver un amoureux, mais se dirige plutôt vers Montsou pour acheter un ruban. Le texte précise même que si elle « courait ainsi le pays toute seule » et qu’« aucun homme ne l’avait eue à quinze ans, c’était grâce à l’éveil tardif de sa puberté, dont elle attendait encore la crise » (G, 211). Derrière l’achat du ruban se glisse malgré tout la question de la sexualité, puisque la Maheude défend à Catherine de se rendre chez le marchand Maigrat, qui octroie du crédit aux mineurs en échange du corps de leur femme ou de leur fille. Pour acheter son ruban, Catherine compte emprunter dix sous à la Mouquette. Comme celle-ci ne les a plus, « [une] pensée d’économie » (G, 211) vient à Catherine, « une sorte de crainte superstitieuse, la certitude que, si elle l’achetait maintenant, ce ruban lui porterait malheur » (G, 211). Précisément, « [le] récit actualise la superstition de Catherine », comme l’écrit Sophie Ménard, « puisque Chaval paiera le ruban, achetant par ce geste la jeune fille et prenant possession d’elle » (Ménard, 2018 : 104). Avant d’accepter l’offre de Chaval de payer le ruban, elle refuse ses avances par deux fois : « Gentiment, elle refusa : la nuit allait tomber, on l’attendait chez elle » (G, 212) et « [il] lui faisait donc peur, qu’elle refusait toujours. Elle, bonne fille, riait, disant qu’elle monterait [chez Chaval] la semaine où les enfants ne poussent pas » (G, 212). Au centre de ses refus se trouvent la crainte d’arriver en retard à la maison et la peur d’une grossesse non désirée, deux raisons qui placent les obligations envers le foyer de ses parents avant la norme de la sexualité précoce présente chez les herscheuses. L’offre de Chaval, loin d’être un don, est plutôt une transaction, car il est « convenu que, si elle ne couchait pas avec lui, elle lui rendrait l’argent » (G, 212).
L’achat du ruban finit par contrevenir à la fois au mauvais pressentiment de Catherine et à l’interdit de sa mère, puisque les deux jeunes gens, « comme deux galants qui achètent leur cadeau de noces » (G, 212) se rendent chez Maigrat. Si la comparaison annonce une nuit de noces, le lien qui les unit n’est pas celui du mariage, mais celui, plus ténu, du ruban. Ce dernier instaure une relation de transaction entre eux, qui signe sans doute la première faute de la jeune fille : celle de rendre une monnaie nettement supérieure à la pièce achetée par Chaval, celle de se lier au foyer de ce dernier pour le prix d’un ruban. Car Catherine confond deux impératifs de valeur inégale chez les mineurs : celui de rendre, à son corps défendant parfois, ce qui a été emprunté et celui de demeurer fidèle à l’homme qui l’« avait eue en premier » (G, 463). Tandis que le premier est essentiel dans les relations économiques des mineurs6, le second est assez peu valorisé puisque presque toutes les femmes (la Maheude, la Levaque, la Mouquette, etc.) ont eu plusieurs histoires sans conséquences.
Lorsque Catherine accepte l’échange, c’est en pensant d’abord rembourser l’argent. C’est Chaval qui la pousse malgré elle vers Réquillart. Prise de court par ce changement de direction, Catherine se laisse emporter. Le texte rappelle qu’auparavant, « elle avait rêvé qu’elle ne disait plus non, toute lâche de plaisir » (G, 213). Comme le souligne Henri Mitterand, Catherine « a le pouvoir des rêves, de l’imagination7 » (Mitterand, 1969 : 122) qui contrebalance sa fragilité. Alors que Chaval chatouille sa nuque de ses moustaches, c’est l’ombre d’un autre homme, Étienne, qui « pass[e] dans le noir de ses paupières closes » (G, 213) et provoque de la « répugnance et comme un regret » (G, 213) vis-à-vis de l’étreinte de Chaval. Le retour au monde éveillé est brutal, puisque Catherine prend conscience de ce vers quoi elle se dirige : les décombres de Réquillart, les ténèbres du hangar effondré, le lieu de la sexualité clandestine. Catherine, exposée depuis l’enfance à la sexualité des autres, ne connait pas encore son propre corps et perçoit celui de l’homme, rétrogradé au rang de « mâle », comme une agression :
La peur du mâle l’affolait, cette peur qui raidit les muscles dans un instinct de défense, même lorsque les filles veulent bien, et qu’elles sentent l’approche conquérante de l’homme. Sa virginité, qui n’avait rien à apprendre pourtant, s’épouvantait, comme à la menace d’un coup, d’une blessure dont elle redoutait la douleur encore inconnue. - Non, non, je ne veux pas ! Je te dis que je suis trop jeune… Vrai ! plus tard, quand je serai faite au moins. (G, 214).
La suite de la scène est composée des bruits hors champ de « bégaiements effrayés » (G, 214) et du « souffle ardent de l’homme » (G, 214). La première fois de Catherine se déroule ainsi contre et malgré tout : malgré son mauvais pressentiment, malgré les interdits maternels et contre sa volonté, qui s’exprime tant par sa peur physique que par ses refus répétés. Ce qui devrait marquer son passage à un état de femme survient trop tôt pour elle, puisqu’elle répète qu’elle est « trop jeune » (G, 214), qu’elle n’est pas encore « faite » (G, 214) et, en un sens, prête. Catherine finit par « cess[er] de se défendre, subissant le mâle avant l’âge, avec cette soumission héréditaire, qui, dès l’enfance, culbutait en plein vent les filles de sa race » (G, 214). Pourtant, elle ne passe qu’à moitié le seuil vers l’âge adulte, car le retard qu’elle rattrape sur la sexualité n’est pas comblé du même coup par son corps, impubère. Alors que l’épreuve initiatique devrait marquer la fin de la phase liminaire et l’agrégation à l’âge adulte, elle précipite ici Catherine dans un entre-deux, qui n’est plus tout à fait celui de l’enfance sans être encore celui de la femme. Malgré la violence de cette défloration (qui correspond aux définitions actuelles du viol), l’expérience de Catherine n’enfreint pas la coutume, car l’âge, le lieu et le partenaire concordent avec le vécu des autres femmes du monde minier. L’avenir de Catherine montre cependant que l’ordre coutumier se confond souvent avec les ordres économique et biologique, deux domaines où la jeune fille est en faute, puisqu’elle est en avance dans son ménage avec Chaval et en retard sur sa puberté. D’ailleurs, le désordre temporel marque le départ de Réquillart, puisque Catherine paraît « pressée » (G, 215), « l’air fâché surtout du retard » (G, 215). Le retard biologique et amoureux à rattraper détermine désormais la trajectoire de cette petite herscheuse, dont les allées et venues dans les tunnels de la mine exigent qu’elle soit toujours à temps, autant pour remplir sa berline de charbon que pour la faire sortir du puits.
Les allers-retours de Catherine se multiplient désormais, puisqu’elle oscille tous les soirs entre le foyer familial et ses rendez-vous avec Chaval, jusqu’à ce que ce dernier la contraigne à emménager avec lui à Montsou. La mise en ménage se transforme rapidement en exil du foyer familial, car lorsque Catherine y retourne, elle est accueillie par un « Je ne veux plus de toi, va‑t’en ! » (G, 337) de sa mère. Ce que le texte qualifie de « fuite avec Chaval » (G, 337) contrevient à toutes les règles des mineurs, qui tolèrent que l’ordre traditionnel « mariage-relations sexuelles-naissance » soit inversé, mais condamnent les enfants qui ne rendent pas leur part à leurs parents. Catherine est rejetée pour la même raison qui retardait le mariage de Zacharie, comme l’expliquait alors la Maheude : « [Zacharie] nous a coûté, n’est-ce pas ? eh bien ! il faut qu’il nous rende, avant de s’embarrasser d’une femme… Qu’est-ce que nous deviendrions, dis ? si nos enfants travaillaient tout de suite pour les autres ? » (G, 179-180) Dans cette société en mutation et aux bords de la révolution, la logique économique supplante la tradition et régit de nouveaux rapports familiaux. Le mariage des enfants est perçu comme une perte de force de travail et par conséquent, de revenus, car dans le modèle capitaliste, l’ouvrier vend son travail, et non les biens qu’il produit. Pour la Maheude, qui professe les interdits familiaux, cette nouvelle logique est assimilée à un ordre coutumier, qui range Catherine parmi les « filles dénaturées » : « Filer avec un homme, se coller à seize ans, lorsqu’on avait une famille dans le besoin ! Il fallait être la dernière des filles dénaturées » (G, 337). Ce n’est plus la puberté tardive de Catherine qui la situe en marge de sa société, mais son empressement à former un ménage avec Chaval, qui la place en situation de dette envers ses parents. Le mot « fille » prend alors dans un triple sens : celui d’âge social (« fille » plutôt que « femme »), de statut familial (« fille de ») et, au XIXe siècle, de prostituée, dû à la relation transactionnelle entre Catherine et Chaval. Ce triple sens la met en position de faute, autant dans les étapes de la vie qu’au sein de sa famille. Tandis qu’elle pense se conformer à son devoir envers Chaval, considérant « qu’elle lui appart[ient], puisqu’il l’avait prise » (G, 472), elle commet en fait un tort envers le milieu où elle a réellement une place, en devançant l’âge de le quitter. C’est en ce sens que sa situation n’est pas tout à fait liminaire, mais plutôt décalée, car on ne peut dire, avec les mots de Marie Scarpa, que Catherine est « bloqué[e] sur les seuils, figée[e] dans un entre-deux constitutif et définitif » (Scarpa, 2009 : 28). Elle traverse plutôt, à toute allure et à l’envers, les étapes de la vie, alors qu’une partie d’elle-même est encore en retard.
La mécompréhension de Catherine tient d’un décalage non pas temporel, mais moral. La sauvegarde de la virginité, puis la fidélité au mari constituent des piliers dans l’éducation des jeunes filles bourgeoises, mais paraissent secondaires chez les mineurs. Dans l’univers bourgeois, la virginité représente un « capital social » en perspective d’un mariage avantageux, comme le souligne Pauline Mortas :
[La valeur de la virginité] n’est toutefois pas purement spirituelle : la virginité a également une importance sociale, puisqu’elle garantit la paix des familles en évitant les litiges dus à la séduction d’une jeune fille nubile ou à la spoliation du capital social que représente la virginité d’une jeune fille, garantie de la pureté de la lignée et condition d’un bon mariage. (Mortas, 2017 : 132-133).
Qu’est-ce que la virginité jusqu’à la nuit de noces et la fidélité au mari jusqu’à la mort, sinon la garantie que les héritiers qui naissent de cette union sont bel et bien ceux du mari ? Ce lien entre mariage et descendance, Simone de Beauvoir le rappelle dans Le deuxième sexe, en y ajoutant l’idée de propriété : « [Quand] la femme devient la propriété de l’homme, il la veut vierge et il exige sous les peines les plus graves une totale fidélité ; ce serait le pire des crimes que de risquer de donner des droits d’héritage à un rejeton étranger » (Beauvoir, 1976 [1949] : 140). Or les mineurs ne pensent pas en termes de « capital social » ni de « droits d’héritage », mais plutôt en termes de « quinzaine » de paie et de devoir de « rendre », dans une filiation qui va de l’enfant vers ses parents, et non des parents vers leur héritier. À l’importance évoquée plus tôt du travail comme subsistance s’adjoint la question de la transmission des biens, inexistants chez les mineurs. Comme ils ne possèdent ni leur logement (loué à la Compagnie) ni objets de valeur (car ils finissent tous vendus), les mineurs n’ont rien à léguer et dès lors se préoccupent peu du contrôle de la descendance. Cette précarité de la vie ouvrière situe les jeunes filles hors des règles des sociétés paysanne et bourgeoise fondées sur le legs, de la terre pour la première, du capital pour la seconde. Chez les ouvriers, comme le résume Martine Segalen, « la virginité ne peut y être ni vertu ni capital » (Segalen, 1981 : 135) ; elle ne devrait donc pas avoir l’importance que lui accorde Catherine.
C’est tout le contraire chez les Grégoire, dont l’unique enfant incarne le modèle bourgeois de la jeune fille destinée à devenir une bonne épouse. Tout comme celles des Maheu, les origines des Grégoire remontent à la création de la Compagnie, mais, tandis que l’aïeul des Maheu découvrait le charbon de la première fosse, celui des Grégoire achetait des parts à la Compagnie. La fortune des Grégoire repose entièrement sur le droit d’héritage, dont les capitaux nourrissent « la famille à ne rien faire » (G, 151). Sans surprise, les Grégoire chérissent leur unique descendante, Cécile, « si longtemps désirée, [et] qu’ils avaient eue sur le tard, lorsqu’ils ne l’espéraient plus » (G, 148). Leurs actions visent toutes à l’épargner du monde extérieur, à l’éduquer à la charité chrétienne et à lui garantir un bon mariage. Si Cécile et Catherine représentent deux modalités de la jeune fille, elles sont l’envers l’une de l’autre, tant par leur description physique que par leur trajectoire féminine. Alors que les Maheu ne parviennent pas à protéger la virginité de leur fille et l’exposent trop jeune au désir irrépressible des hommes, les Grégoire couvent une fille « trop saine, trop bien portante » (G, 148) et échouent à lui apprendre une certaine réalité violente de la vie. L’ignorance dans laquelle est maintenue Cécile correspond au modèle bourgeois de l’« innocence virginale » (Mortas, 2017 : 211), qui la laisse sans défense face aux deux assauts du père Bonnemort et la préserve éternellement dans sa situation liminaire de jeune fille fiancée, décédée avant le mariage.
L’existence de Catherine, certes moins heureuse que celle de Cécile, l’initie malgré tout aux différentes étapes de la vie d’une femme, même si, dans sa relation avec Chaval, elle les passe à l’envers. Tant que Catherine suit Chaval, elle se retrouve dans le mauvais camp : elle travaille dans une chaleur insoutenable à quelques pas du Tartaret ; elle fait partie des mineurs qui doivent évacuer la mine de Jean-Bart en escaladant les cent deux échelles ; et elle est accusée d’avoir trahi les grévistes. La colère de son père à cette occasion rend compte de ses fautes politiques et familiales : « Ah ! salope, toi aussi !... Quand ta mère crève de faim, tu la trahis pour ton maquereau ! » (G, 456). Alors que Catherine considère Chaval comme « son homme » (G, 463), il n’est aux yeux des autres que son « maquereau », la faisant passer du statut de « femme de » à celui de « prostituée ». C’est sans doute en raison de ce lien surtout transactionnel de Chaval envers Catherine qu’il s’en défait si brusquement lorsqu’elle prend la défense d’Étienne dans une bagarre, la laissant seule et sans toit au milieu de la nuit.
Catherine tombe sur la confrontation entre les grévistes et les soldats, qui se solde par le massacre des grévistes, alors qu’elle erre près du Voreux, rejetée par Chaval et trop honteuse pour retourner chez ses parents. Son désarroi initial rejoint rapidement la colère des mineurs, car, même si sa trajectoire a dévié de celle du groupe depuis sa relation avec Chaval, elle se demande comme eux si « ça n’allait pas bientôt être fini, cette sacrée existence de malheur » (G, 583). En se joignant à l’emportement collectif, elle retrouve sa place parmi eux, dans une agrégation qui est confirmée par son retour à la maison familiale après la bataille et par l’arrivée de ses premières menstruations. Dans le fil du récit, les deux retours – au foyer et à un cycle biologique normal – se superposent :
Après la bataille, [la Maheude] avait laissé Étienne ramener chez eux Catherine, boueuse, à demi morte ; et, comme elle la déshabillait devant le jeune homme, pour la coucher, elle s’était imaginée un instant que sa fille, elle aussi, lui revenait avec une balle au ventre, car la chemise avait de larges taches de sang. Mais elle comprit bientôt, c’était le flot de la puberté qui crevait enfin, dans la secousse de cette journée abominable. Ah ! une chance encore, cette blessure ! un beau cadeau, de pouvoir faire des enfants, que les gendarmes, ensuite, égorgeraient ! (G, 594).
La nouvelle des premières règles est reçue avec surprise, puis contrariété par sa mère, qui établit avec ironie une équivalence entre la balle dans le ventre que Catherine aurait pu recevoir et l’égorgement des enfants qu’elle pourra désormais mettre au monde. Ce que la Maheude avait imaginé pour elle-même en déshabillant Catherine, elle le prédit à sa fille et à sa génération future. Car c’est bien le ventre des femmes qui pose problème, ce ventre qu’elles ne parviennent pas à « boucher » (G, 210), comme le pense Étienne. L’ordre biologique retrouvé de Catherine correspond au retour à l’ordre pour les mineurs, qui cessent la grève après avoir essuyé les balles des soldats. Par ce cadeau empoisonné des règles et cette défaite de la grève, le roman montre, même timidement, que le retour à l’ordre n’est pas synonyme d’harmonie, puisque la prochaine révolte est en germe et que « l’état de guerre n’en restait pas moins déclaré » (G, 697). Pour Catherine, l’arrivée des règles marque la fin de son décalage : elle cesse d’être l’amante de Chaval pour redevenir la fille des Maheu ; elle cesse d’être une enfant pour devenir une jeune femme. L’avance et le retard sont rattrapés. Comme le souligne Naomi Schor, les premières menstruations chez Zola sont un « événement brutal […] renvoyant les hommes d’un côté et les femmes de l’autre », elles sont l’« irruption de la différence, [le] rappel sanglant de la castration [qui] détruit à jamais ce que Luce Irigaray appelle “un vieux rêve de symétrie”. » (Schor, 1976 : 184). Maintenant que son androgynie est écartée, elle peut revivre les étapes du premier amour et de la première fois, dans un corps qui est pleinement celui d’une femme.
C’est ainsi que, lorsqu’elle est enterrée vivante avec Étienne dans la mine effondrée, elle joue un rôle actif dans leur rapprochement, alors qu’elle avait précédemment subi sa relation avec Chaval. Si elle se défendait de Chaval en évoquant qu’elle était « trop jeune » (G, 214), elle affirme plutôt à Étienne : « Avons-nous été bêtes d’attendre si longtemps ! Tout de suite, j’aurais bien voulu de toi » (G, 681). À nouveau décalée, Catherine se reproche désormais son attente et montre pour la première fois du roman que la réussite du rite de passage dépend moins du bon moment que de la bonne personne. Le malheur qui s’abat sur eux avec l’affaissement du puits s’apparente à « quelque chance heureuse » (G, 681) du point de vue d’une Catherine délirante. Comme lors de l’assaut de Chaval ou de la remontée du goyot de Jean-Bart, Catherine se réfugie dans le rêve pour échapper à la réalité, dans un mirage qui brouille le réel, car elle « voyait clair, de grandes taches jaunes vol[ant] devant ses yeux, si larges, qu’elle se croyait dehors » (G, 681). Même si Étienne rompt l’illusion et la replonge dans les ténèbres de la vieille fosse de Réquillart, il se fait moins agent de malheur que de bonheur, véritable figure solaire dont l’étreinte redonne à Catherine sa quiétude onirique : « D’un élan, elle s’était pendue à lui, elle chercha sa bouche et y colla passionnément la sienne. Les ténèbres s’éclairèrent, elle revit le soleil, elle retrouva un rire calmé d’amoureuse » (G, 683). Sujet de l’action et initiatrice du baiser, Catherine cesse pour un instant d’être une victime du malheur et passe de fille désirée à femme désirante. C’est bien un retour à la gaieté qui est exprimé dans cette séquence avec les verbes « revoir » et « retrouver » et qui correspond au « réveil de [la] virilité » (G, 683) d’Étienne. L’ultime retard de Catherine est comblé, puisque le texte accentue que c’était « enfin leur nuit de noces » (G, 683 ; nous soulignons). Elle a refait « le saut », s’accrochant même à Étienne d’« un élan » (G, 683). Cette « dernière fois » (G, 683) heureuse supplante la première fois violente avec Chaval, et devient sa première fois véritable en tant que « femme » (G, 683) ; « elle pouvait être grosse » désormais, même si elle meurt dans les heures qui suivent la noce funèbre.
***
La trajectoire de Catherine est en définitive celle d’une course pour rattraper un retard biologique inné, qui, par sa soumission à la coutume sexuelle des jeunes filles, chamboule l’ordre économique et familial. En confondant l’impératif bourgeois de la fidélité à « son homme » (G, 463) et le devoir économique envers ses parents, Catherine se retrouve entre deux états de fille et de femme, entre deux foyers, entre deux camps dans la grève, pour aboutir nulle part, ni enfant ni femme. Si « toutes passent par [la sexualité] » (G, 295), Catherine passe trop tôt et mal, contre les interdits maternels et contre sa volonté. Le passage à la sexualité à moitié accompli, elle se voit entraînée dans une voie déviée du groupe, dans une situation liminaire, ou, à tout le moins, décalée. Son décalage ne se résout que lorsque son sort s’unit à celui des grévistes et que, lors de cette journée funeste, elle rentre à la maison en même temps que d’entrer dans sa puberté. Ayant franchi le seuil de la défloration avant celui des menstruations, Catherine revit en tant que femme les étapes de l’amour avec Étienne et glisse cette dernière expérience en-dessous de la première, puisqu’elle survient dans le sous-sol de Réquillart, en-dessous du lieu de l’agression de Chaval. Dans les strates de la terre, l’ultime fois heureuse de Catherine précède sa première fois malheureuse et répond au « besoin de ne pas mourir avant d’avoir eu le bonheur, l’obstiné besoin de vivre, de faire de la vie une dernière fois » (G, 683).
Or pourquoi Catherine ne peut-elle goûter à ce bonheur plus longtemps, pourquoi doit-elle mourir à la fin du récit ? La quête du personnage semble avoir été de rattraper un décalage biologique d’abord, coutumier ensuite. Lorsqu’enfin les ordres sexuel, familial et biologique se rejoignent au fond de la mine effondrée, le cycle de la vie de Catherine et sa quête paraissent complétés. Pourquoi n’accède-t-elle donc pas à la maternité abondante et vengeresse des autres femmes de sa classe ? La réponse se situe sans doute dans l’ensemble plus large du récit et de la mine, car les femmes peuvent désormais enfanter autre chose que des « petits, de la chair à travail et à souffrance » (G, 210). Avec la mort de Catherine, de la Mouquette et de la petite Lydie se fissure le cycle de production/reproduction et germe autre chose que des enfants : la révolte prochaine. Sans le savoir, celle qui est toujours en retard et en désordre inaugure peut-être un nouvel ordre, celui où les femmes laissent leur propre corps à la mine pour ne plus lui y laisser leurs propres enfants.
Lefebvre-Côté, Béatrice, « De retard et d’empressement : la trajectoire de Catherine Maheu dans Germinal d’Émile Zola », dans M.‑A. Bernier, S. Ménard et É. St-Martin (dir.), Les vies de malheur(s) au XIXe siècle, décembre 2021, en ligne sur le site Ethnocritique : http://ethnocritique.com/fr/entree-de-carnet/de-retard-et-dempressement…
Aubéry, P., « Imitations de Jésus Christ chez Zola : Germinal », Les Cahiers naturalistes, vol. 53, 1979, p. 31‑45.
Beauvoir, S. de, Le deuxième sexe, vol. I : Les faits et les mythes, Paris, Gallimard, « Folio essais », 1976 [1949].
Lejeune, P., « La Côte-Verte et le Tartaret », Poétique, vol. 10, no 40, 1979, p. 475‑486.
Ménard, S., « Germinal ou les révolutions culturelles du temps », Les Cahiers naturalistes, vol. 64, no 92, 2018, p. 87‑107.
Mitterand, H., « The Calvary of Catherine Maheu : The Description of a Page in Germinal », trad. de Julia Bloch Frey, Yale French Studies, vol. 42, 1969, p. 115‑125.
Mitterand, H., « Fonction narrative, fonction mimétique, fonction symbolique : Étienne Lantier », Le discours du roman, Paris, Presses universitaires de France, « Écriture », 1980 [1973], p. 68‑80.
Mortas, P., Une rose épineuse. La défloration au XIXe siècle en France, Rennes, Presses universitaires de Rennes, « Mnémosyne », 2017.
Moscovici, C., « Androgyny and Morality in Germinal », Dalhousie French Studies, vol. 20, 1991, p. 27‑38.
Rey, A. et al., Le Petit Robert de la langue française, Paris, Le Robert, 2014.
Scarpa, M., « Le personnage liminaire », Romantisme, vol. 145, no 3, 2009, p. 25‑35.
Scarpa, M., « “À cette heure et en ce lieu…” Micro-lecture ethnocritique de “Dans la solitude des champs de coton” », Cahiers Figura, vol. 38, 2015, p. 249-253. En ligne.
Segalen, M., « Le XIXe siècle. Le manteau des jeunes filles (La virginité dans la société paysanne) », La première fois, ou le roman de la virginité perdue à travers les siècles et les continents, Paris, Éditions Ramsay, 1981, p. 121-138.
Schor, N., « Le sourire du sphinx : Zola et l’énigme de la féminité », Romantisme, vol. 13-14, 1976, p. 183‑196.
Schor, N., « The Founding Myth : Structure and Variations », Zola’s Crowds, Baltimore et Londres, The John Hopkins University Press, 1978, p. 35-80.
Zola, E., Germinal, Paris, Gallimard, « Folio Classique », 1978 [1885].