2018 à 2020
Notre hypothèse est que l'empire de l'écrit ou « impérialisme du scripturaire » (de Certeau, 1990) travaille puissamment les univers langagiers, institutionnels et artistiques. Les romans thématisent dans leur fiction et problématisent jusque dans le grain de la narration la belligérance entre culture écrite et culture orale, entre la lettre et le corps, de cette façon, ils s'affichent d'emblée comme des lieux de résistance, par l'ensauvagement scripturaire qui s'y loge de diverses manières face à la domination symbolique de l'écrit. Comme si l'écriture en tant qu'institution possédait elle aussi son refoulé, sa part de non-domesticable et dont le roman serait l'effigie délinquante. La recherche que nous envisageons vise donc à approfondir les effets esthétiques et poétiques de ce capital littératien désormais largement institutionnalisé, objectivé, et « incorporé » (Privat, 2006), qui domestique les corps autant que les esprits.